LES TEMPLIERS

Premier Trail : Les Templiers
Après un assez long voyage, nous voilà arrivés à Millau dans un épais brouillard on aborde le Causse du Larzac pour descendre sur Nant (charmante petite bourgade de l’Aveyron). A l’entrée du village les gendarmes nous demandent de nous parquer avec tous les autres camping-caristes au terrain de foot. Il y a du monde partout mais ça a l’air bien organisé. J’essaie d’appeler Pascal arrivé plus tôt mais en vain. Je ne capte pas. Je décide d’aller chercher mon dossard. Il faut traverser le village très sympa et noir de monde. Tout à coup, klaxon c’est Gilles, Pascal et Florence. Ils ont mon dossard le 2346. Ils décident de tous venir au camping-car pour manger les pâtes.
On voit les arrivées de la Puma trail. L’ambiance nous laisse présager celle de demain. Il fait nuit maintenant et nous voyons des frontales dans la montagne en face… En chemin, on refait nos pronostics. Tous d’accord, le principal est de terminer. DSA = zéro abandon !! Les pâtes avalées, ils rejoignent le camion de Stéphane qui dort dans une chambre à côté. La nuit est courte : Je suis réveillé tantôt par le stress tantôt par une lombalgie récurrente mais vers 4h30 du matin, une lueur envahie le lanterneau au dessus de moi. Non, pas possible, il fait jour et j’ai loupé le départ !! Coup d’œil à la montre, ouf !! C’est juste les gens du village qui ont éclairé les lumières du stade. Il est temps de se préparer. Il doit cailler dehors.
J’avale mon riz au lait fétiche. Je n’ai pas trop faim mais avec les sucres lents je vais m’en servir. Je sors retrouver les autres. J’y vais en footing, pas que je sois pressé mais plus pour me réchauffer. Quel monde !! Je retrouve tous les autres au camion de Stéphane. On s’approche du départ. C’est un peu stressant. On prend quelques photos. On ne peut se placer qu’à environ 100m du départ. Le speaker fait monter la pression. Il demande à tout le monde d’allumer sa frontale : Impressionnant ! Et il nous met Era (l’hymne des templiers). On a vraiment l’impression d’être des chevaliers à l’assaut de l’inconnu. Les feux de Bengale rouges illuminent la place.
Coup de feu c’est parti. Avec Pascal, on se dit qu’on essaie de rester ensemble. Le départ est hyper lent et haché. Nous faisons les bordures et on remonte tranquillement sans trop forcer. Dans la nuit et le brouillard, on monte doucement dans le causse jusqu’à se retrouver avec des gens qui semblent aller au même rythme que nous. Une grosse côte glissante calme tout le monde. Je me retourne ; plus de Pascal, j’appelle deux ou trois fois : pas de réponse. Je continue ma progression. Notre droïde va me rattrapper c’est sûr. Le jour se lève. Je passe à Sauclière. Il est 7h05 et c’est noir de monde. Je prends de l’eau et attends un peu, pas de Pascal. Je repars dans une forêt de résineux magnifiques. La gadoue, une racine et crac !! Entorse de la cheville gauche. Je boite fortement, ça me lance, je sens les aiguilles. Je jure tout ce que je sais. Je n’ai pas fait tous ces kilomètres pour faire 18km de nuit !! Je repars en marchant puis trottinant, ça chauffe. La douleur s’efface progressivement aux fils des montées. On passe au dessus des nuages. La vue est magnifique. L’Aveyron et les Cévennes à perte de vue. C’est pour ça que je suis venu. La montée s’accentue mais je progresse bien.
Mon altimètre approche de 1300m. Je me dis « on serait déjà à St Guiral »… je doute ça me paraissait plus dur. On arrive au sommet, une croix, une demoiselle à qui je demande où on est. Elle me dit St Guiral. Je repars en pleine forme. Ouah, trop facile finalement et la descente sur La Rouvière puis Dourbies se fait sans problème. Je n’ai pas trop confiance dans la cheville donc je freine mais ça va donc je double. A Dourbies c’est le premier ravitaillement solide. On me propose du coca je me jète dessus (erreur) puis une banane, une barre, je remplis le Camel et ça repart droit jusqu’aux crêtes du Suquet. 5km de côte les mains sur les cuisses. Je la sens passer. Le coca aussi d’ailleurs. En haut je relance la machine. ça va aller c’est de la descente. Tu parles : mes deux quadriceps me rappellent à l’ordre !! Eh garçon ralentis sinon crampes ! J’étais facile tout à l’heure mais là je fais moi le kéké. Je m’étais dit si j’arrive à Trèves c’est que je finis. Je discute avec un gars qui a fait 8h30 l’an dernier et il dit si tu restes avec moi on finit dans le même temps. Au ravitaillement, je le perds de vue. Je ravale un coca (n’importe quoi le mec !!). C’est reparti, ça remonte. Le soleil commence à cogner. On en est à 50km et si je continue ainsi je fais moins de 9h. Je suis assez content mais je me dis que l’essentiel c’est de revenir à Nant sans trop de bobos. La chaleur me pèse et le plateau de Roquarie est dur pour le moral avec ses faux plats aveyronnais. Je coince, j’en ai assez des barres sucrées.
A force de compenser pour soulager la cheville, je sens les contractures arriver. J’essaie un gel. Bah !! quel goût ! Il est périmé (bien préparée la course…) La descente sur St Sulpice est technique (j’adore) mais ça bouchonne un peu au passage des cordes. On ne peut pas doubler et certains n’ont apparemment pas l’habitude. J’arrive à St Sulpice (le dernier ravitaillement). On m’annonce plus que 13 km. Je me dis, c’est un entraînement, ça va le faire. C’est juste de l’autre côté. Tu parles : St Sulpice se transforme en St Supplice !! On monte, on redescend, on remonte, je suis très lent. Il fait chaud et ça redescend, on contourne une montagne, on remonte… Interminable. Mon altimètre marque 900m. J’y suis presque. Je vois un gars qui me dit kilomètre 60 vous y êtes presque… Je devrais être arrivé ! Le moral est en chute libre. Je dois encore traverser un causse. Je marche trop, ça va pas. Ma tête veut mais pas les jambes ? Je pose le cerveau. Allez c’est la dernière descente. Les pompiers du haut du roc nantais m’annonce que c’est technique. Effectivement, ils ont placé des cordes et encore un bouchon.
Je vois Nant, je commence à entendre le speaker. Je descends bien, la forme revient avec le moral. Ma famille est là avec Thierry qui a abandonné. Je suis heureux de les voir. J’ai l’impression d’avoir 4 jambes. Je double une dizaine de gars sur la fin dans le village avec tout ce monde. L’arrivée sur le tapis rouge, ça y est quelle émotion. Je suis heureux. Mon teeshirt finisher sous le bras, je vais au ravitaillement avant d’attendre l’arrivée de Pascal. Il arrive tout sourire et en filmant son arrivée : trop fort ! Comment tu as trouvé ça ? « Un peu ennuyeux » me lâche t’il. On attend Gilles qui arrive à son tour. Il est déçu, il dit ne pas avoir réussi à gérer son alimentation. On s’inquiète alors pour Stéphane et Florence. On va se doucher car ça commence à cailler… On revient alors qu’il fait nuit. Les frontales descendent toujours du roc nantais. On recherche Stéphane quand tout à coup le voilà qui arrive. Fatigué mais finisher. Il nous reste Florence. On sait qu’elle va arriver (un vrai petit robot…). Une veste bleue sous les projecteurs, la voilà. Il reste des paquets de lucioles dans la montagne quand on repart manger… des pâtes. Le paysage est magnifique, l’organisation au top mais trop de monde engagé. Et surtout l’esprit entre les concurrents n’est pas si convivial qu’il y paraît. C’est plus de l’athlétisme que du raid…
Mais c’est à refaire un peu mieux préparé !! C’est un beau challenge que tout ceux qui aiment visiter de beaux paysages doivent tenter.
Bertrand.

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